Alors que 91% des européens voient le changement climatique comme un problème sérieux (1), personne ne semble vraiment agir pour limiter son propre bilan carbone. Or respecter les engagements de l’accord de Paris sur le climat qui prévoit de contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et si possible de viser à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C », exige un changement radical de mode de consommation et de société (lire un des posts précédents). Or personne n’est aujourd’hui prêt à une transformation si profonde et donc chacun se défausse de ses responsabilités, demandant aux autres d’agir.
Tout d’abord, de leur côté, les individus font confiance aux politiques pour impulser les changements et définir le cadre de référence qui permet de lutter contre le changement climatique. Chacun estime qu’individuellement il ne peut rien faire et se repose sur les pouvoirs publics. Il ressort ainsi d’un sondage réalisé par IPSOS en février 2015 qu’un citoyen sur deux (51 %) espère qu'une mobilisation de l'opinion mondiale parviendra à mettre la pression sur les décideurs (2). Cela illustre assez bien qu’individuellement, les citoyens ne se sentent pas vraiment concernés.
Les politiques, eux, prennent certes des engagements pour répondre à la préoccupation citoyenne, mais sans trop se contraindre. Les différentes déclarations des COP (lire un autre post précédent) ressemblent à des promesses électorales qui n’engagent que ceux qui y croient. Le discours politique consiste à rassurer en affirmant que la technologie va nous sauver et que les entreprises vont trouver et développer les technologies propres qui offriront une transition en douceur. Quelques taxes de temps en temps, leur permettent de montrer aux citoyens qu’ils prennent les choses en main.
Le secteur privé, quant a lui, produit ce que les consommateurs demandent et achètent. L’offre est le reflet de la demande. Pourquoi donc les entreprises changeraient-elles si les consommateurs ne le leur demandent pas.
En rejetant la nécessité d’agir sur les autres et en refusant de se considérer comme un acteur essentiel de la lutte contre le changement climatique, tous les acteurs se déresponsabilisent. En plus de retarder la nécessaire transition, ce désengagement rend les gens pessimistes comme le présente une étude BVA de novembre 2015 qui montre que près de trois quarts des Français doutent d’un élan collectif et mondial en matière de consommation durable (3).
Note et références
(1) Sondage Eurobaromètre effectué par la Commission européenne, http://ec.europa.eu/clima/citizens/support_fr
(2) Sondage réalisé par IPSOS en février 2015,
(3) Sondage BVA réalisé en novembre 2015, http://www.bva.fr/fr/sondages/les_francais_et_la_cop_21.html